Cet agent conversationnel, capable de dialoguer sur n’importe quel sujet, préfugure-t-il les robots pensants, qui risquent un jour de nous remplacer ?
Vers 1770, le Turc mécanique de l’ingénieur hongrois Wolfgang von Kempelen, automate en cape et turban de soie, époustouflait l’intelligentsia mondiale par son brio aux échecs. Sa batterie de rouages bernait les curieux, tandis qu’un homme, habilement dissimulé, disputait en catimini les parties.
Mis en ligne depuis quelques semaines par la start-up OpenAI, ChatGPT-3 n’est pas une supercherie, mais l’illusion n’en reste pas moins comparable. Il simule de façon convaincante une conversation humaine et peut rédiger, du tac au tac, des contenus pertinents d’une incroyable diversité : note de synthèse, éditorial, dissertation ou encore lignes de code informatique.
Mais derrière l’écran, c’est encore et toujours l’humain qui tient sa plume. Imaginez une faramineuse calculette, maniant les mots et les images plutôt que les chiffres, ayant été longuement entraînée par des instructeurs et sans cesse corrigée, reconfigurée, guidée et formatée, même si l’on parle d’« apprentissage automatique ».
Pour autant, malgré ses capacités phénoménales, ChatGPT n’est pas un « cerveau », une grosse tête. Gare aux métaphores : ses rouages sont appelés des « neurones artificiels » parce qu’ils simulent l’activité électrique des nôtres, mais là s’arrête la comparaison.
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